Vendredi 5 juillet de Sobrado do Monxes à Pedrouzo 40 km 6h30 de marche5h du mat’ nous nous levons précautionneusement pour finalement constater que d’autres marcheurs avaient décidé d’en faire autant, démarrer tôt pour avancer le plus longtemps possible à la fraîche avant d’encaisser la chaleur de plomb et la subir le moins longtemps possible. Les bruissements et « zippements » divers envahissent le dortoir, chaba crac pop wiiiiiiiiizzzzzzz ! La fin d'étape de la veille avait été si pénible pour nombre d’entre nous que nous sommes plusieurs à partir à 6h pour profiter d’un peu de fraîcheur matinale à marcher. Le jour n’est pas encore levé. Nous avançons prudemment tout en fouillant du regard la nuit finissante à deviner nos balises, et surtout de ne pas en rater une ! L’aube approche. A cette latitude de la Galice, il fait réellement jour à 7h. Le fond de l'air reste assez frais pendant une paire d'heures puis à 9-10h le soleil écrase les humains. Nous avons délaissé le rythme rando au profit d’une allure plus soutenue, nous appliquons celle apprise en grand fond dès que le profil du chemin nous le permet. Nous retrouvons Franz qui avait pris un raccourci. Il ne peut tenir notre rythme trop rapide pour lui, nos allures nous séparent. Le hollandais marchant a quand même beaucoup de mérite car à 70 ans, il vient et revient sur le Compostelle avec un rythme fort respectable que nombre de marcheurs pourraient lui envier, c'est très bien. On retrouve également José Luis avec son impressionnant rythme d'enfer… sur le Compostelle, il faut oser fricoter avec l’enfer !
Le camino est tel qu’au bout de quelques jours de marche devant derrière à côté des autres, à les rattraper ou à se faire rattraper, on finit par assimiler et reconnaître les silhouettes de chacun, nous devenons au fur et à mesure de la marche, des physionomistes imbattables, les aficionados du Colmar en savent quelque chose. Par leur comportement, leurs gestes, on repère illico ceux qui marchent vite et qui arriveront dans les premiers. Nos deux acolytes sont du nombre.
Le chemin parcouru aujourd'hui est fait de parties larges et ombragées boisées, d'une majorité de route ou bords de routes. Arzua, nous quittons le chemin du nord pour rejoindre le chemin français. Et c’est le choc, ici, il y a foule, on trouve un pèlerin tous les 100 m, des cafés et des "albergues" auberges à tous les coins de rue. Centre de vacances ? nenni, c’est le chemin français en été, une autoroute le jour d’un grand départ d’été, rien de très réjouissant ! J'avais pourtant expliqué à Sylvain mon compagnon de route comment ça allait être et il avoue qu'il n'avait pas imaginé cela, dans cette multitude de marcheurs, les dépassements permanents demandent tact et esprit de stratégie ! Il ne reste que deux étapes mais nous sommes pressés de les parcourir puis renouer avec la quiétude bienfaitrice du chemin et ses pèlerins autrement plus authentiques, si nous nous autorisons à nous qualifier comme tels.
Je dis souvent que chacun possède sa manière de voir son chemin mais alors là, quel contraste ! la transition camino del norte camino francès frise le traumatisme ! Les terrasses de cafés regorgent de monde, les auberges sont prises d'assaut à partir de 10 h par des pèlerins ayant terminé leur étape et se répandent. Décidément, ce n'est pas notre camino plus sauvage et naturel, nous en sommes navrés et choqués. J'espère ne plus avoir à croiser ce camino francès qui est devenu au fil du temps et des tendances modes, plus un chemin où règne le mercantilisme et les randonneurs touristes, le chemin français a perdu son âme compostellienne, dommage ! mais il y a tant d’autres voies ancestrales à découvrir où l’amoureux de la marche peut se retrouver et se ressourcer.
Pedrouzo, 13h30, 40
e km 40° celsius ! seul José Luis est à l'auberge, nous nous sentons un peu perdus, ne reconnaissant personne d’autre. La première chose que chaque arrivant fait est de se doucher pour redescendre la température de nos vieux os où la fatigue s’est maintenant installée. Robinet tourné, une pluie froide vous tombe sur le dos provoquant des cris non pas de joie, mais de glace tant et nous étions tétanisés.
Douche très vite terminée, nous optons de dîner dans un restaurant jouxtant l'auberge, aux menus complets…depuis ce matin 5h nous n’avons avalé qu’une barre de céréales…on est mort de faim. On a mangé comme des ogres, très copieux et peu onéreux, nous sommes à des années lumières de la partie française. On sort de table à 16 h pour une petite sieste réparatrice qui pour moi ne va durer que quelques minutes car trop réceptif aux bruits environnants.
Demain samedi, dernière étape équivalant à un semi-marathon, nous allons fondre à vive allure sur Santiago !
Lever prévu à 6 h pour partir à 7 car nous ne voulons pas trop marcher sous le soleil et arriver à Santiago de bonne heure.
Envoyé de mon iPhone
Samedi 6 juillet 9h40, si nos 2 marcheurs ont démarré aux aurores comme prévu, ils devraient à cette heure apercevoir les toits de Santiago. La suite de leur périple est pour bientôt.
B.Th équipier-reporter marcheur de "la toile" PEDRUSO