Bertrand Moulinet : après deux années difficiles, objectif santé !
Bertrand Moulinet aux championnats du Monde à Moscou sur le 20 km marche - Photo Gilles Bertrand
Depuis des Jeux de Londres très réussis (8e sur le 20 km en 1h20’12’’ et 12e sur le 50 km en 3h45’35’’, records personnels), Bertrand Moulinet a enchaîné moult mésaventures. Désormais remis physiquement, il espère inverser la tendance en 2015, avec en ligne de mire les championnats du Monde de Pékin.
Il faudrait
« deux heures » pour que Bertrand Moulinet égrène la litanie d’avatars qui l’ont secoué ces deux dernières années. Le marcheur, finaliste aux JO à Londres sur le 20 km, en sourit. N’empêche que sa progression a été ralentie par une incroyable succession de mésaventures dans la foulée du rendez-vous planétaire (plusieurs tendinites, déchirures à l’ischio, maladie). Reparti à l’entraînement en juin 2013, il prit
« un éclat » comme il le souligna lui-même aux Mondiaux de Moscou sur le 20 km (29
e en 1h26’12’’). Avant
« par défi » d’améliorer la meilleure performance française tout temps sur 100 km quelques semaines plus tard, et de se relancer pleinement. Mais de nouveau, en décembre dernier, il fut stoppé dans son élan.
« Sur un entraînement banal, j’ai glissé sur une plaque de verglas et je me suis fracturé la cheville ». La scoumoune, on vous dit !
L’opération est donc inévitable, et les championnats d’Europe de Zurich s’envolent. Le sociétaire de l’Amiens UC a juste disputé les deux tours des Interclubs (20’18’’40 et 20’24’’40 sur 5 000 m) dans la foulée d’un entraînement adapté, avec de la natation, du vélo et quelques sorties dans les jambes. Il reprit véritablement l’entraînement en juin, après que les médecins lui aient enlevé la plaque.
Fin août, il prit part à un 10 km, à Voronovo en Russie, où il claqua un probant 39’08’’, record personnel. Signe que d’un manifeste potentiel…
« Je me suis surpris moi-même. Je m’entraînais pour me rapprocher au moins des 40’. Il y avait aussi la joie de prendre le départ et d’être bien physiquement. Il n’y a pas non plus de quoi faire des bonds, mais avec huit semaines d’entraînement, j’étais content ».
« Dommage que ce soit la fin de saison » Et alors qu’il était sur les bases de 1h21’40’’ sur 20 km il y a deux semaines à Chiasso, lors des championnats suisse de marche, les juges l’ont disqualifié aux alentours du 16
e km pour une marche jugée irrégulière, en suspension.Si ce fut sa première disqualification, celui qui travaille dans la police nationale –affecté au centre de rétention de Toulouse- retient davantage les signes encourageants d’une forme ascendante.
« Je voulais faire un 20 bornes car je sentais que j’avais les moyens de faire un bon chrono. Mais comme toujours en marche, tu es tributaire du circuit, des conditions météo et du jugement. Mais ça ne m’a pas mi le moral à zéro. Je suis en pleine forme. Dommage que ce soit la fin de saison d’ailleurs ».
Bertrand Moulinet se projette désormais sur 2015.
« L’objectif est déjà de passer l’hiver en bonne santé » sourit-il.
« Le but est de faire un bon travail hivernal pour être prêt pour 2015 ». Il devrait prendre part à quelques compétitions indoor, avant de s’aligner le 15 mars prochain à Lugano sur 20 km, où les conditions pour faire un gros chrono sont très souvent réunies.
« J’espère y faire les minima pour les championnats du Monde. Après, on ne connaît pas encore les modalités » souligne le marcheur, en direction de Tignes pour un rassemblement de quatre jours avec le collectif marche.
Si une collaboration avec l’Allemand Ronald Weigel, champion du Monde du 50 km marche en 1983 à l’occasion des premiers Mondiaux (également double vice-champion olympique des 20 et 50 km en 1988) avait été un temps envisagé, les mésaventures du natif de Toulouse ont laissé le projet en suspens.
« Comme je suis tout le temps pété, c’est difficile d’entraîner un mec avec des béquilles. On est toujours en contact, mais pour le moment je fais tout seul mes plans d’entraînements ».
Entre Font Romeu et l’Ukraine A Font Romeu, il partage toutefois ses séances avec l’Ukrainien Nazar Kovalenko (1h19’46’’ cette année sur 20 km, record personnel, et 14
e aux Europe à Zurich), licencié d’ailleurs à l’Amiens UC.
« On s’entend bien. Il s’est retrouvé lui aussi sans entraîneur l’année dernière et je lui ai proposé de venir chez moi. On avait prévu de faire tous les entraînements ensemble mais comme je me suis pété, je l’ai aidé comme j’ai pu, en l’accompagnant en vélo par exemple ». Bertrand Moulinet s’est aussi rendu en Ukraine avec son nouveau camarade d’entraînement. Il s’y trouvait justement au moment du conflit qui fait depuis quelques mois la une des médias.
« J’étais en stage en Crimée avec toute l’équipe au mois de février car il préparait tous le championnat d’Ukraine. J’étais blessé, j’étais juste là pour voir comment Nazar s’entraîne et pour accompagner ma copine. On a été obligés de rentrer pas loin de Kiev (la capitale) car il y avait l’armée russe qui arrivait en Crimée. On avait peur qu’ils ferment toutes les routes et qu’ils ne puissent pas sortir ».
« Là, on va préparer 2015 ensemble –à Font Romeu et chez lui en Ukraine- et on va essayer de faire de bons résultats tous les deux » conclut-il.