ATHLETISME : Marcheurs d’hier, Marcheurs d’aujourd’hui
« Marche arrière »… sur une figure légendaire de notre discipline, Roger BEDẺE (C.A.Montreuil)
L’Alsace a toujours été un fief de marcheurs illustres. Paris-Strasbourg selon le tracé d’origine de 1926, les Tours d’Alsace depuis 1935 et d’autres vénérables épreuves, aujourd’hui disparues ont suscité bien des vocations de marcheurs, devenus « célèbres » au travers des légendes que les années leurs ont attribuées.
Les ROMENS, BRANDT, HIRSCH, DUBOIS, MULLER, VOLTZENLOGEL, etc.… sont encore dans la mémoire des Alsaciens. Ces figures légendaires de l’après-guerre de notre discipline, ont contribué aux passages de flambeau des générations. Si la flamme ranimée par Yohann DINITZ permet à la marche athlétique d’être aujourd’hui sous le feu des projecteurs médiatiques, nos « pionniers » ne doivent pas être oubliés. Je vous propose de retrouver dans ces quelques lignes l’athlète d’exception que fut Roger BEDẺE, vainqueur en autres des Tours d’Alsace de 1962 (301 kms) et 1963 (301 kms), Roger BEDẺE qui aura 85 ans en ce mois de décembre est né le 28/12/1923 à Etain dans la Meuse.
Sa passion pour la marche lui est venue après avoir été spectateur des compétions de masse, en ville, comme il s’en déroulait à l’époque. Il y avait toujours foule dans ce type d’épreuve populaire ; la multiplicité des sports et des loisirs n’était pas encore de mise. L’équipement de base n’étant pas très onéreux, l’élasticité des chaussures commençait à remplacer « les godillots », la marche athlétique était vraiment populaire, donc ouverte à tous.
Avec de la volonté, de l’entraînement, la persévérance du dépassement de soi et l’envie de vaincre, notre Roger BEDẺE allait devenir l’athlète aux 220 victoires, qualificatif qu’il gardera longtemps.
Employé en fonderie chez Renault, dans des conditions difficiles, avec des températures élevées, qui dessèchent l’organisme, Roger BEDẺE n’a jamais connu les aménagements d’horaires, ni bénéficié d’un quelconque statut privilégié pour s’entraîner où se déplacer. L’Union française de Marche (fédération indépendante à l’époque) n’avait pas encore rejoint la F.F.A. Quelques rares privilégiés « vivaient » de la marche ; ce qui a été brièvement le cas d’Ernest ROMENS en Alsace.
Les performances de Roger BEDẺE réalisées en Alsace sont gravées à jamais dans les bilans. Roger n’oubliera jamais l’Alsace, car c’est en rentrant d’une compétition qui s’y déroulait, qu’il fut victime avec son fils qui l’accompagnait, d’un terrible accident de la circulation, à hauteur de Saint-Dizier, le 4 mai 1964.
Les médecins le considéraient comme perdu, et son fils gravement atteint subit une hospitalisation de plus d’un an. Pour Roger la compétition prenait fin, mais pour Colette, son épouse, et leurs enfants un autre challenge commençait. Réapprendre à Roger à marcher et à vivre autrement avec un handicap, séquelle de l’accident.
le 11 decembre je recevais ce document d'un cubbermarcheur que je diffuse;
Roger BEDẺE garde de bons souvenirs de ses 10 années de compétitions, avec un regret tout de même, celui de n’avoir commencé la compétition qu’à l’âge de 28 ans…
Son plus mauvais souvenir, hormis la canne sur laquelle il s’appuie depuis son triste accident de 1964, fut d’être battu par Henri CARON sur la ligne d’arrivée des Championnats d’Europe de la Fédération Internationale de Marche des 100 kms à Bruges (Belgique) en 1958.
Habitant Lagny/Marne il est allé plusieurs fois discrètement en spectateur suivre « les 200 Kms de Lagny », qualificatif pour Paris-Colmar. Son frère Claude BEDẺE autre personnage de la marche athlétique également, ayant été sélectionné à 4 reprises sur Paris-Strasbourg.
Père de 4 enfants, il est également grand-père 7 fois et arrière-grand-père 4 fois.
Il s’intéresse toujours à la marche et a suivi les performances de Yohann DINITZ. C’est un bon gamin m’a-t-il dit lors de notre entretien. ( Régis Thibault, membre de la C.R.M- Alsace )