Aujourd’hui 21 avril, c’est l’anniversaire de Bernard Thanron. Il ne change pas encore de dizaine, il faudra attendre un an pour ce faire.
Je te souhaite un bon anniversaire Bernard !
En 2001, Bernard participe à son premier Paris-Colmar. Je fais partie de ses équipiers. Cette année-là, il fallait parcourir 535 km.
A cette époque il y avait deux barrières horaires sur l’ensemble du parcours : la première ne pas dépasser 12 heures d’intervalle avec le marcheur en tête de l’épreuve aux passages aux différents PCS, la deuxième passer le Col du Bonhomme avant 21 heures le samedi pour pouvoir continuer.
Bernard se trouvait en dernière position et je lui dis « il faudra faire attention si l’on voit Roland Maury venant à notre rencontre dans la nuit, ce sera mauvais signe ». Nous avons vu la voiture de Roland Maury se diriger vers nous, il voulait nous arrêter. J’ai parlementé avec lui pour que l’arrêt se fasse à Gondrecourt-le-Château et non en pleine nature dans la nuit noire. Il a accepté.
En 2002, j’étais dans la team d’Elisabeth Thanron-Lescure, mais après son arrêt médical à Mattaincourt, plus tard la team de Bernard Thanron a demandé que quelques-uns de son équipe viennent renforcer l’équipe de Bernard pour l’aider à passer dans les délais aux PCS. Cette année-là il y avait des barrières horaires pour chaque PCS. Je me souviens qu’un km avant le PCS Dompaire l’on voit Jean-Claude Gouvenaux nous dire qu’il reste peu de temps pour arriver dans les délais. Il ajoute «allez Bernard, il faut y aller ». Jean-Claude reçoit un coup de fil du directeur de l’épreuve qui lui demande si Bernard est passé au PCS de Dompaire dont la barrière horaire était fixée à 10 h ? Il lui répond qu’il n’est pas loin, qu’il arrive. Les cloches de l’église se mettent à sonner 10 heures : « Alors il est au PCS ? Non ? Alors il faut arrêter Bernard à ce PCS ».
Jean-Claude est obligé d’arrêter Bernard pour 3 mn de trop et lui demander sa feuille de pointage…
Après être sélectionné pour sa troisième tentative, en 2003, Bernard passe 3 semaines à Font-Romeu pour s’oxygéner et s’entraîner en altitude.
Quelques jours après son retour, il va voir son médecin et celui-ci lui dit que le fait de revenir de Font-Romeu ne servira à rien et qu’il ne franchira pas la ligne d’arrivée de Colmar.
Bernard me téléphone complètement démoralisé et m’annonce les propos de son toubib. « Donne-moi son numéro de téléphone pour que je lui remonte les bretelles ». Mais Bernard ne me l’a pas donné !
Je dis à Bernard « quel abruti » et j’ajoute que Jeanick Landormy avant lui est allé à Font-Romeu et qu’il a franchi la ligne de Colmar. « Alors cette année tu franchiras la ligne de la Place Rapp à Colmar ». Plusieurs fois par semaine je téléphonais à Bernard pour le remotiver et lui dire « cette année Colmar c’est pour toi ! et même plus loin si affinités… ».
Je lui rappelle aussi qu’en 2001 arrêt à Gondrecourt-le-Château km 331, en 2002 arrêt à Dompaire km 420,500, soit 89,500 km de plus que l’année précédente. En plus, en 2003 le parcours est réduit de 20 km par rapport aux précédentes années (515 km au lieu de 535), ce qui lui permet de gagner en gros 3 h 30 à 4 heures et de faire pas mal de km en plus.
Le jour du départ de l’épreuve, sur le parking de Neuilly-sur-Marne où sont les camping-cars, je vois Pascal Parno accompagnateur de Bernard Gicquel qui me demande « où allez-vous cette année ? ». Je lui réponds que je ne comprends pas bien sa question. Il me dit « avec notre marcheur nous faisons 350 km ». « C’est bien dommage d’avoir fixé ce chiffre, même s’il est bien il s’arrêtera à 350 km ? Et bien, nous, nous allons à Colmar et Bernard franchira la ligne d’arrivée à sa troisième tentative ».
Jean-Pierre Grange, venu voir Bernard, lui dit comme moi, « cette année tu franchiras la ligne de la Place Rapp et en plus tu gagnes 20 km de moins par rapport aux années précédentes ».
Je me souviens que durant la première journée de marche plusieurs marcheurs dépassent Bernard, et Bernard s’en inquiète. Je lui dis « ne t’en fais pas, regarde comme certains sont habillés, ils sont en train de cuire dans leur tenue. Pour le moment ils sont devant toi, ne t’accroche pas à eux, laisse-les filer. Je suis persuadé que tu reviendras sur eux, cela prendra peut-être 24 heures pour les rattraper, mais une fois que tu les auras dépassés ils seront derrière toi et là ils ne reviendront pas à tes côtés ». C’est bien la tactique qui s’est produite, même avec ceux qui sur les circuits sélectifs étaient plus fort que Bernard.
Bien plus tard, il y a eu la pose pour faire rechaper et soigner les pieds de Bernard. Les « soignants » se sont affairés pour retirer les chaussures, les chaussettes et commencer l’ouvrage des pieds. Puis la voiture des podologues s’arrête près de Bernard ; ils lui demandent s’ils peuvent aider à soigner les pieds, et remettre sur pied Bernard qui était assis sur un grand bac à fleurs à Chermisey km 331. Bien évidemment « la pose » a duré en tout une trentaine de minutes « sur place ». Il reste 84 km pour rejoindre la pose d’une heure à Epinal. Vers le 390ème km Bernard me dit « c’est cuit ». Je lui réponds « j’ai fait mes calculs, il te reste 25 km et si tu arrives au repos d’Epinal à 9 heures, tu seras à Colmar dans la nuit du samedi au dimanche. Bien sûr il ne faut pas mollir ». Du fait d’une déviation de 1,500 km à faire en plus, Bernard arrive à Epinal juste avant 9 heures. Il reste donc 100 km pour voir les lumières de Colmar et 16 heures de route pour être dans les délais (fermeture du PCS colmarien à 2 heures du matin le dimanche).
Onze marcheurs peuvent repartir d’Epinal ; Zdenek Simon s’arrête au km 450. Ils sont huit encore en lice pour rejoindre l’arrivée. Dans la montée du Col du Bonhomme ils sont trois marcheurs à se tenir en 30 mn. Pierre Lachiver est 10 mn devant Bernard Thanron et Roger Brunet 20 mn derrière Bernard.
Dans la descente du Col du Bonhomme, Francis Doublet et moi-même entourions Bernard avec un fou rire communicatif. Bernard me dit « ce serait bien si avec Pierre Lachiver nous arrivions ensemble ». Mais Pierre était plus rapide que lui dans la descente et l’écart s’est creusé entre les deux marcheurs.
Finalement Bernard et son équipe arrivent sur la Place Rapp à Colmar le dimanche à 1 h 24 mn en 7ème position soit après avoir parcouru les 515 km en 75 h 24 mn. Roger Brunet lui arrivera en 8ème position 26 mn derrière Bernard.
Je me souviens que Vladimir Kazantsev, qui s’est arrêté au km 272, remontant Bernard dans le véhicule de son équipe a adressé à notre marcheur « Very Strong Bernard ».
Que de bons souvenirs sur les Paris-Colmar !
Alors Bernard pour ton anniversaire, tu peux trinquer avec un nectar alsacien comme des vendanges tardives ou un crémant d’Alsace… Avec modération bien entendu.
A la tienne Bernard et à la tienne Elisabeth !
Guy