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A la famille de l’athlétisme : « Il faut reporter les Jeux olympiques »
Chers amis,
Les Jeux olympiques sont un événement que nous attendons tous. Ils ont bercé notre enfance, sont parfois devenus un rêve à atteindre à l’adolescence, nous font toujours vibrer devant notre poste de télévision à l’âge adulte. Ils représentent un moment de partage qui nous réunit toutes et tous autour de la même passion. Nos meilleurs athlètes, depuis quatre ans, courent, sautent, lancent et marchent en pensant aux J.O. de Tokyo. Mais la raison doit l’emporter. Au vu de la situation actuelle, je ne peux pas imaginer qu’ils puissent débuter le 24 juillet prochain, comme cela était prévu. Notre Fédération, celle d’un des principaux sports olympiques, tient à prendre part au débat avec responsabilité.
Ma prise de position relève du bon sens et a un leitmotiv : préserver la santé des sportifs du monde entier comme celle de l’ensemble de nos concitoyens, à l’heure où la pandémie Covid-19 poursuit son expansion dans le monde entier et se développe désormais en Afrique et en Amérique du Sud, où notre pays comme nombre de ses voisins européens a mis en place des mesures contraignantes mais nécessaires tout en payant déjà un lourd tribut face à la maladie, et où nos personnels de santé font preuve d’un immense courage que je tiens, une nouvelle fois, à saluer.
Au-delà de l’aspect sanitaire, qui doit primer sur tout, se pose la question de l’équité sportive. L’Etat a dû fermer l’ensemble des centres d’entraînement, y compris ceux réservés à l’élite, dans le cadre des mesures de distanciation sociale qui permettront de faire reculer la diffusion du coronavirus. L’INSEP, comme tous nos pôles d’excellence, ne sont plus accessibles. Cette décision, qui diffère de celle de certains pays voisins, nous la comprenons parfaitement. Nous avons d’ailleurs demandé à nos athlètes et à nos coaches de respecter strictement les mesures de confinement. Elles sont bien sûr lourdes de conséquences sur le plan de leur préparation, s’entretenir physiquement à la maison ne remplaçant pas les séances prévues sur le stade à cette période de l’année. Nos sportifs, qu’ils soient ou non déjà qualifiés pour les Jeux olympiques, sont donc dans l’incertitude. J’ai pu m’entretenir avec un certain nombre d’entre eux et ils s’interrogent légitimement sur leur calendrier d’entraînement et sur le programme de la saison estivale, qui ne débutera pas avant le 25 mai sur piste en France, comme nous l’avons annoncé jeudi dernier.
Je tiens d’ailleurs à profiter de ces lignes pour remercier l’ensemble de nos structures déconcentrées, clubs, comités départementaux et ligues, qui accompagnent à nos côtés l’ensemble des licenciés depuis le début de la crise sanitaire. Leur calendrier et leur organisation sont très fortement impactés par la situation actuelle, et un report des J.O. nous permettrait, tous ensemble, de commencer à envisager l’avenir avec un peu plus de recul. J’ai également une pensée pour nos salariés, cadres techniques et entraîneurs mobilisés, ainsi que pour nos partenaires privés et institutionnels, dont le soutien indéfectible nous est si précieux en ces temps compliqués.
Depuis samedi, dans l’Hexagone comme dans le monde entier, de nombreuses fédérations nationales et internationales ont appelé au report des Jeux olympiques. J’ai moi-même eu l’occasion de m’exprimer dès dimanche après-midi sur le sujet, avec le franc-parler qui me caractérise. World Athletics, par la voix de son président Sebastian Coe, est aussi allé dans ce sens. Tout en faisant confiance aux analyses du CIO, je ne peux que me féliciter du consensus qui commence à se dégager et qui, au-delà des considérations d’ordre économique, permet désormais d’envisager une solution exceptionnelle à une situation exceptionnelle. Des comités nationaux se sont également exprimés, et j’ai d’ailleurs demandé à Denis Masseglia, président du CNOSF, de se faire le porte-parole de notre Fédération auprès du Comité International Olympique.
Le CIO a annoncé hier qu’il se laissait un mois pour étudier les différents scénarios pouvant être mis en œuvre. C’est un premier pas encourageant vers le report. Mais il faut aller encore plus vite, plus haut et plus fort, pour reprendre la devise olympique, et apporter ainsi une réponse à nos athlètes et à leur encadrement. Avec l’ambition, malgré l’incertitude qui pèse sur les semaines et mois à venir, de faire des prochains Jeux olympiques l’événement fondateur d’une nouvelle ère.
Enfin, dans cette difficile épreuve que nous traversons, j’adresse mes vœux de bonne santé à tous nos licenciés et, plus largement, à la grande famille de l’athlétisme, en ayant une pensée pour celles et ceux qui sont touchés par la maladie.
André Giraud
FFA
Fédération Française d'Athlétisme