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 1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction)

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THANRON Bernard
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THANRON Bernard


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1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction) Empty
MessageSujet: 1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction)   1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction) EmptyMer 23 Mai - 13:41:54

1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction) 150802

En leurs mémoires lointaines
ou 7 jours sur une ligne de front
  
Si les jambes te manquent pour marcher, voyage à l’intérieur de toi-même ( proverbe Soufi)
« La guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui, eux, se connaissent mais ne se massacrent pas » ( Paul Valéry).
«  Don’t forget me cobber - ne m’oublie pas camarade » bataille de Fromelles 19-20 juillet 1916
 
          L’idée de cette fiction m’est venue à la fin de l’été dernier, en découvrant l’initiative de passionnés de la Marche de grand fond à commémorer le centenaire de l’armistice 1918. Rallier à cette occasion Paris à Strasbourg m’a séduit. Alors j’ai sorti et étalé mes très chères cartes IGN, tiré un trait reliant Compiègne à Strasbourg et établi un profil de parcours de plus de 500km proche des no man’s land de la ligne de front de 1918, en référence parallèle sportive aux Paris-Strasbourg et autres Paris-Colmar d’antan à la marche, (réussir un tel truc ça marque à vie). Relier l’affaire de cette tragédie humaine à notre sport privilégié, la Marche m’a semblé tout naturel, les soldats de l’époque ne montaient-ils pas à pied rejoindre leurs lignes ?
Un site de calcul d’itinéraires efficace en soutien, le projet fut mis en route. Sur un tableau excel dont je n’ai aucune maîtrise, ma femme a patiemment noté mon idée de cheminement (Chemin des Dames, Champagne, Argonne, Verdun Voie Sacrée, Vosges, Alsace) chaque route empruntée, chaque lieu traversé, kilométrage à l’appui. Une semaine cela nous a pris.
Le 27 décembre 2017, le parcours de plus de 500km était enfin déterminé, il allait en cours de route s’étirer. En dernier lieu, j’y ai ajouté un soupçon de Paris en guise d’entrée.
J’ai lu en large, en vertical en travers, en totalité ou une pincée par-ci par-là, ces pages d’écritures, de lettres, de témoignages multiples de ces gens des tranchées qui écrivaient aux leurs, dès qu’ils pouvaient sans savoir si l’instant d’après ils seraient encore de ce monde,  écrivains, troufions, aviateurs, tankistes, civils, tout y est passé. Ils m’ont immergés et j’ai pu démarrer. Alors j’ai marché, feuilleté et deviné le fil rouge d’ouest en est, car c’est de l’est et son lever de soleil que nous vient la force de nous lever et avancer.
Paris-Strasbourg 503km en 1931, Strasbourg-Paris 552km en 1952, Paris-Colmar 508km en 1982, 535km en 2001, c’est dans cette fourchette à 4 doigts de kilométrages extrêmes de ces légendaires épreuve de marche d’antan, que nous allons cheminer, mêlant devoir de mémoire historique et mémoire sportive, les deux ne sont-ils pas de beaux amants ? J’ai marché, virtuellement d’abord, grâce aux outils actuels de visualisation routière, puis sur le terrain de l’idée déclenchée.
 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 La fiction
Contexte
 
          Marcheurs invétérés sur route et chemins, imprégnés par l’histoire qui s’éloigne, le temps qui passe et la menace de l’oubli, nous avions décidé, en cette année commémorative de la fin de la Der des ders, de marcher à travers quelques-unes de ses pages ; marcher une semaine pleine, d’ouest en est sur plus de 500km, pour tous ceux et celles tombés et disparus dans ce grand carnage humain qu’à été 14-18. 
          Marcher plus de 500km sur une semaine, implique un kilométrage quotidien de 75 à 80km, ce qui n’est pas une mince affaire. Sachant que les 3 premiers jours sont les plus cruciaux pour boucler l’affaire, l’être humain fatigant à la longue, il est impératif de passer les 300km à la fin du 3ème jour soit plus de 16h de marche du lever au coucher du soleil pour ensuite alléger la distance afin d’arriver au but final, Strasbourg, en bonne condition. Cette longue marche dans une histoire tragique à la mémoire de tous ceux qui y ont perdu la vie, n’est donc pas une promenade de santé les mains dans les poches, une préparation physique de plusieurs semaines en avant est avant tout nécessaire, quant au mental, il se forgera par l’imagination et l’envie de réussir ce devoir de mémoire en marche de grand fond et les souvenirs. Plus de 500km à parcourir à pied en une semaine , il fallait s’y préparer quasiment presque comme nous nous préparions à nos grandes épreuves. L’entraînement sur des distances cumulées variant d’un Marathon ou deux hebdomadaires sans déroger d’un iota y pourvoira, le corps sera ainsi naturellement affiné et prêt à l’endurance à laquelle il a devra se plier.
          Le 7 novembre 1918 à 15h, à Haudroy dans l’Aisne, un clairon sonna un cessez-le-feu, 4 jours de conciliabules plus tard, à 5h15, les adversaires s’étant entendus, signent conjointement une convention d’ armistice, quelques heures plus tard, le temps que l’info remonte aux lignes, à 11 heures, tous les clairons du front sonnent à l’unissons, les flügelhörners allemands répondent, les cloches commencent à carillonner.  4 jours de conversations permettant à la faucheuse de comptabiliser à son actif quelques milliers de victimes supplémentaires.
Morts le 11 novembre.
          1918, au matin du 11 novembre, armistice signée à 5h15, à 6h30 le bruit circulait, à 8h30 il était devenu officiel. Cette matinée qui aurait pu être belle, sans échanges de tirs, ni morts ni blessés, se terminera sur une stupide attaque décidée et ordonnée 2 jours plutôt, en pleins pourparlers afin de presser les plénipotentiaires  allemands de ne pas traîner les pieds à signer ce qu’ils avaient demandé, un armistice. Offensive de deux jours à tenter de franchir la Meuse à tout prix, avec à la clef une soixantaine de nouveaux - morts et une centaine de blessés supplémentaires, depuis longtemps les chefs militaires n’en étaient plus à compter, ils voulaient encore reprendre du terrain.
11 novembre, c’est fini, tirez le rideau ! Les uns sur une rive, les autres sur l’autre s’observaient depuis des heures, ils attendaient face à face à contempler le fleuve en attendant l’heure de la sortie de l’enfer. Cela aurait pu se terminer ainsi, à s’interpeller, se parler, à regarder la Meuse passer, écouter les oiseaux. 11 novembre, quelques escarmouches, tirs isolés, menus échanges d’artilleries Krupp contre De Wendel ; les derniers soldats abattus furent un britannique George Edwin Ellison à 9h30 ( en patrouille non-loin de Mons en Belgique), un belge Marcel Toussaint Terfve à 10h42 ( d’une balle d’en face au poumon gauche au bord du canal de Terneuzen près de Gand), deux français, à 10h50 l’estafette Auguste Trébuchon d’une balle en pleine tête, au pays du « Dormeur du Val » de Rimbaud ; à 10h58 Auguste Joseph Renault, ( le breton a été touché sur un éclat d’obus lors d’un  « échange final » d’artillerie vers Chimay en Belgique) ; un canadien George Lawrence Price à 10h58 ( une balle en pleine poitrine, il venait d’offrir un bouquet de fleurs pour fêter la fin de la guerre…) ; un américain Henry Gunther à 10h59, à une minute du gong, d’une rafale de la ligne des thuringeois d’en face, médusés du voir surgir du brouillard 2 gugusses baïonnettes au canon alors que toutes les troupes étaient informées depuis 10h45 de l’arrêt des combats, l’américain était issu d’une famille d’immigrants allemands, comme quoi…; l’allemand  Thomä Erwin est tombé à 12h10 (tué  par les américains à Inor sur les rives du canal de l’est de la Meuse). Les dates des français tués ce matin-là, furent modifiées par les autorités militaires de l’époque, difficile de justifier et déclarer aux familles la mort de leurs fils le dernier matin  de la guerre, cynisme pur !
Le dernier lundi de cette p….. de guerre, fit pour le moins 11000 victimes.
          2008, les derniers de « la Der des ders » sont décédés la même année, Erich Kästner l’allemand le 1er janvier et Lazare Ponticelli le français l’a rejoint le 25 mars. De cette boucherie typiquement humaine restent désormais les écrits, livres , lettres, poèmes, achevés ou non, dans une tranchée, une cagna, un gourbi, sous la guitoune, car à cette époque, « ils » écrivaient beaucoup aux absentes, les femmes, fiancée, épouse, amante, sœur, mère ou marraine de guerre, ils écrivaient au jour le jour à leurs amours comme si chaque jour était leur dernier ; ou plus tard au calme à une table sur une Torpédo une Remington une Underwood ou une Corona, Pour les « écriveurs de tranchées », il suffisait d’un gros noir percutant, d’une marmite, d’une rafale, de la simple balle d’un tireur d’élite et c’en était fini de la vie, alors, ceux qui savaient écrivaient tant qu’ils pouvaient. Ecrire chaque jour, pour se prouver qu’on est en vie et laisser une trace, au cas où. Combien n’ont jamais pu écrire ou finir la suivante ou répondre à leur mie, combien n’ont jamais terminé leur courrier ? Ces vies de guerre se retrouvent dans une malle de grenier qu’un enfant un jour d’été ouvre par curiosité, s’assied et commence à lire et découvrir une partie de l’histoire de ce grand-père inconnu qui a fait la guerre, qui en est revenu ou pas, dont la famille sait où le pépé est enterré, parmi les grands cimetières, ou ne sait rien du disparu, ou ne veut rien savoir du mutin déporté,  mort au bagne ou fusillé.
… Chère amie, demain nous montons en ligne…le surlendemain, plus rien ou Chère amie, j’ai la chance d’être encore là, les copains sont restés là-bas, demain nous y remontons…
Pour leur histoire, à leur rencontre, à leurs mémoires, une bande de copains-copines  allions marcher une semaine sur une ligne de front de  plus de 500km.   
          Le lieu du départ décidé est la clairière de l’armistice en forêt de Compiègne, où après avoir fait sonner le cessez-le-feu quatre jours auparavant, les dirigeants d’une guerre mondiale, avaient le 11 novembre 1918 à 5 h15 par 7 signatures au bas d’une feuille, arrêté une guerre sans précédent avec 21 millions de victimes. Seuls la grippe espagnole et la seconde guerre mondiale feront mieux…
          Sur le calendrier, notre histoire démarre le 31 juillet, date délibérément choisie du  jour anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès, cet homme méritant, à l’unanimité du groupe, un salut notoire autrement plus sincère qu’envers les divers chefs de pouvoirs et commandements bellicistes de l’époque.
 1914, les cousins royaux britannique, tsar russe et empereur allemand, entre jalousies internes et  intérêts géopolitiques vont mener des millions d’hommes à une guerre totale, des millions de morts au final, 1915, 1916, 1917, par grappes, les hommes sont tombés.
          1918, les uns avançaient les autres reculaient tactiquement , cette année-là les mouvements de troupes étaient inversés à ceux de l’été 14. L’agresseur refluait sans déroute ni débandade, il pliait les gaules et les bagages en quelque sorte. Il fallait rentrer au pays, la situation interne de l’empire outre-Rhin n’était pas au mieux de sa forme, grèves, conseils ouvriers, mouvements populaires insurrectionnels contre le pouvoir militaire frissonnaient, la révolution russe menait bon train et ses idées diffusées passaient les frontières, des rêves se construisaient. Il y avait déjà eu des fraternisations à Noël 14, puis des renâclements, des refus de monter en ligne se faire trucider sur des ordres aberrants, des résistances naquirent dans les rangs, la troupe épuisée grondait. La justice militaire frappait les râleurs, les contestataires, prison, bagne, un coin de combats d’où la chance d’en revenir est au minima, 12 balles face aux copains...
          En ce mois de plein été, nous allions simplement marcher sur des centaines de kilomètres, aux mémoires de plus en plus éloignées de ces hommes et femmes tous pays confondus, tombés et disparus ; précipités au massacre par des gens aux pouvoirs de l’époque ; des heures de kilomètres à nous faufiler entre des croix et des ombres. Singulièrement, dès le départ, notre périple de mémoire passera non-loin du service d’entretien des sépultures militaires à Tracy-le-Mont, parfaite entrée en matière de notre plan, car des croix et des croix, nous allons en voir, de l’isolée à celles alignées à perte de vue, là où se brouille le regard. Nous allons en voir de ces monuments, des statues, des stèles individuelles entretenues fleuries ou perdues en campagne, en forêt, nous allons entrer en contact avec des dizaines de milliers de fantômes venus à notre rencontre, de l’aube au crépuscule puis tout le jour, voire certaines nuits, nous surprendre à un tournant, au sommet d’une côte, surgis d’une ancienne tranchée, d’un bosquet, d’un trou d’obus, d’un blockhaus éclaté, venir nous raconter leur grand malheur, histoire de discuter un bout de chemin à nos côtés. « C’est sympa d’être passé nous voir, tant nous ont oubliés ! »
          Nous sommes venus commémorer la fin de la « Der des ders », comme elle avait été surnommée dès l’été 14, nous avions oublié qu’en ces lieux à la ronde, comme sur tous les lieux de tragédies,  les âmes perdues errent encore et s’amusent à venir surprendre le passant et s’attarder près de lui le temps de quelques foulées, profiter de la moindre présence passagère pour chuchoter « on est là, ne nous oubliez pas ! ». Des croix des croix, de bois de fer de pierre, des stèles gravées propres nickel ou verdissantes, nous allions être servis jusqu’à satiété !  Quant aux sensations et émotions, à force de marcher, nous allions souvent avoir la vue brouillée de larmes à sentir ces hommes tomber,  s’affaisser, sauter dans les airs, virevolter comme des pantins désarticulés et disparaître dans leur dernière course , parmi les paysages traversés; dans ces moments-là, nous sentirons nos  jambes chanceler entre coton et plomb rechignant à avancer ou repartir, le ventre noué de colère, devant une stèle gravée 18 ans ( un de ces des enfants soldats Désiré Bianco a été tué à Gallipoli Dardanelles, il avait 13 ans…) ou des milliers de croix, d’étoiles et croissants. 1918, marcher pour la  fin d’une guerre en perspective d’une autre, ne nous évitera pas de pénétrer leur histoire, tant les régions parcourues d’ouest en est en sont imprégnées.  Pour tout cela, nous sommes venus marcher.
On y va ?
Maintenant que nous avons « la tête dedans », en route ! marchons !
La suite demain si vous voulez bien.

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Moi, je préfère la marche à pied (Henri Salvador)
J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence (Anatole France)
“Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.” [i]René Char
[/i]
Ne crains pas de marcher lentement, crains seulement de t'arrêter.
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Guy DOUBLET
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MessageSujet: Re: 1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction)   1918 - 2018 - En leurs mémoires lointaines ou (fiction) EmptyMer 23 Mai - 22:21:31

Bernard, bonsoir

Bien, très très bien !

Il y a un mois, nous avons fait le Chemin des Dames sur 2 jours, on est en plein dedans.

J' attends la suite avec impatience ...

Bonne soirée

Guy
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