Message de Jean-Michel Claisse :
Bonjour,
2 angles dans ce compte rendu : l’organisation des épreuves de marche vue des coulisses, puis les marcheurs et nos marcheurs dans ces épreuves.
On l’a vu sur les écrans, et sur les photos d’Emmanuel Tardi : il faut énormément de petits bonhommes en bleu pour que l’organisation soit parfaite.
Tous ceux qui y étaient savaient ce qu’était la marche, ce qu’était une organisation, et ça a facilité les choses.
Christian s’était chargé de mettre des noms à tous les postes nécessaires.
6 personnes au pointage, et un aboyeur derrière eux. Le banc habituel avait même été remplacé par des tables. Et pas une rature sur les feuilles de pointage.
Le jury d’arrivée qui s’occupait essentiellement de la cloche et du compte tour pour le premier, avec l’aide des transpondeurs dont les marcheurs étaient équipés.
2 ramasseurs de cartons rouges, qui n’ont pas été débordés.
1 secrétaire et un adjoint pour l’enregistrement des cartons rouges ; c’étaient 2 juges fédéraux surnuméraires parmi les 4 de la ligue, en alternance sur les 2 courses.
1 afficheuse de cartons rouge.
5 juges, dont 3 amenés par la CNM, ce qui a d’autant restreint l’implication des juges de la ligue. Mais le jugement a été jugé homogène lors du débrief.
Et même le président de la CNM pour superviser le tout.
Les courses :
C’est le Guatemala qui gagne !! Dans les 2 courses, c’était l’athlète de ce pays qui l’emporte. Ils ont des références internationales très élevées.
Chez les filles, pas de suspens. La marcheuse du Guatemala prenait la poudre d’escampette dès les premiers mètres. Ses premiers tours n’étaient pas exempts de suspensions, mais elle savait corriger, et réalisait un 12’40 qu’on n’avait pas vu depuis longtemps dans cette salle.
Derrière, Amandine Marcou prenait ses responsabilités, suivie de Marine Quennehen et Amélie Bouhris.
Plus loin le reste du peloton qui semblait en regard de la vitesse des autres, être très lent, ce qui n’était bien sûr que relatif.
Des écarts se creusaient, qu’on pouvait considérer comme rédhibitoires pour celles qui n’étaient pas dans le bon wagon.
Marine lâchait Amandine, après que ces 2 marcheuses aient fait le ménage.
Mais bien qu’un 3000 ne soit pas une distance si longue que ça, le lactique faisait son effet sur certaines des marcheuses.
Les plus expérimentées, ou mieux au fait qu’il vaut mieux une régularité à haute intensité qu’un début canon sans garantie de la suite, refaisaient un peu à la fois leur retard.
Au 2000, un wagon de 3 ou 4 revenait très vite, et avalait toutes celles de devant, sauf Marine. Amandine semblait scotchée à la piste et était même sortie du podium irrémédiablement.
Marine, qui a su se remettre en cause, et a fait ce qu’il fallait pour corriger sa technique, fêtait son titre par un saut de cabri qui en dit long sur sa satisfaction de ce nouveau titre.
Derrière la cause semblait entendue à 2 tours de l’arrivée. La gnacque et la puissance de Maud avaient fait leur effet. Elle ne sera pas rejointe et prendra la 2ème place française.
C’est ce qui s’appelle revenir de nulle part, parce que jusqu’à 4 tours de l’arrivée, elle n’était même pas citée pour la lutte pour le podium.
Les 2 plus régulières se disputaient la 3ème place sur le podium, et c’est Amélie Bouhris qui gardait le petit avantage qu’elle a toujours eu pendant l’épreuve sur Lucie Auffret.
Chez les garçons, on a eu droit pendant très longtemps à 3 trains puis quelques marcheurs isolés.
D’abord un TGV de 4 que rien ne semblait pouvoir faire exploser. David Kuster prenait ses responsabilités, suivi de Hedi Teraoui, Fabien Bernabe, et Erick Barrondo du Guatemala, qui avait bien du mal à suivre les 3 autres.
Le 2ème train n’était composé que de Keny Guinaudeau et Justin Bournier.
Le 3ème était plus conséquent avec Benjamin Leaute, Sébastien Delaunay, Maxime Lecaplain et Simon Bazzo Bortot dans cet ordre pendant très longtemps.
On avait aussi l’impression qu’ils étaient lents par rapport aux premiers, mais ce n’était qu’une impression.
Les autres faisaient leur course sans se soucier de ce qui se passait devant.
David testait ses poursuivants de temps en temps, en accélérant puis se retournant pour constater les dégâts.
Le premier à en faire les frais était Fabien.
On avait l’impression que Barrondo, en avait finalement sous la semelle, et qu’il se ‘contentait’ d’être toujours au contact des premiers, puisqu’il ne se laissait pas décrocher avec Fabien.
Dans le 3ème train, ça se décantait aussi. Maxime Lecaplain, il est vrai sous la menace de cartons rouges, décrochait.
Ca serait plus tard le tour de Benjamin pour les mêmes raisons, ce qui ne l’empêchera pas de battre son record.
En tête, aux 2 tiers de la course, Barrondo montrait le bout du nez, au moment où David semblait payer le manque de puissance qui lui permettra d‘aller encore plus vite et plus loin quand elle sera au rendez-vous.
Erick mettait 2 tours avant de franchement prendre les devants, en se faisant promener au 2ème couloir par David, alors que le speaker parlait de sa grande expérience.
David se faisait aussi dépasser par Hedi, mais cela ne l’empêchait pas de battre le record de France junior en 19’46.
Il faudrait consulter les archives pour retrouver la dernière fois qu’un junior a gagné aux élites.
Derrière Justin se faisait décrocher par Keny, et plus loin, Simon lâchait les chevaux pour finir en trombe à l’instar de Maud chez les filles.
A noter que ce championnat était un vrai objectif pour presque tous les marcheurs, puisqu’on a assisté à 6 records perso chez les filles et 4 chez les garçons.
Nos marcheurs dans ces courses :
Anne Gaëlle n’était pas dans un grand jour et préférait s’arrêter après 3 ou 4 tours.
Les 3 autres font partie de ceux qui ont battu leur record perso.
Benjamin l’a fait alors qu’il ne semblait pas au meilleur de sa forme ; c’était donc trompeur. Benjamin est 7è français, donc finaliste. Il était sous la menace de cartons rouges, ce qui l’a forcément ralenti.
Simon, comme il l’a exprimé sur le site de la ligue, a été surpris de la vitesse du début, mais il a su amortir le coup, et rester patient dans son groupe de 4 avant de se lâcher, et de retrancher 17 secondes à son récent record de début janvier.
Simon est 5è français. Il est 9è français au bilan 2018.
Maud retranche 24 secondes à son record. Elle est maintenant 3ème française au bilan de 2018.
Le jour où elle sera capable d’avoir la vitesse de sa deuxième partie tout le long d’un 3000, son record explosera à nouveau.
Personne après 2 ou 3 tours, après l’avoir vue aux alentours de la 9è place, n’aurait misé un euro sur un podium ; que dire alors de sa 2ème place.
1 heure après, son entraîneur Thierry Nuttin n’en revenait encore pas, lui qui a su apporter son expérience, et notamment celle qui dit que les perfs viennent d’une régularité élevée, et pas d’un départ canon qui conduit plus au moins vite au lactique.
Il est aussi paradoxal de constater que la marche de Maud est bien meilleure à très haute vitesse qu’elle ne l’était dans la première partie de course, où les juges surnuméraires qui ne jugeaient pas craignaient pour une jambe pas exempte de fléchissement.
Bravo à tous ces athlètes et leurs entraîneurs pour avoir su être au top le jour J dans notre jardin.
Jean-Michel Claisse