Info marche trouvée sur http://www.yanoo.net/news
BONNE LECTURE !
La Vie au Grand Air
En novembre 1903, le journal l'Auto a l'idée d'organiser une grande épreuve de marche ouverte à toutes les corporations, pour concurrencer le journal Le Monde Sportif qui avait le mois précédent réalisé une compétition similaire réservée aux midinettes, c'est à dire aux ouvrières parisiennes employées dans la confection et la mode. Cette marche des midinettes qui en réalité était la première course à pied sur route exclusivement féminine connue un énorme succès, près de 1200 concurrentes participèrent à cette épreuve.
L'Auto, d' Henri Desgrange, ne voulant pas rester sur la touche et perdre des lecteurs au profit de son concurrent le Monde Sportif, de Pierre Giffard, avait créé le 1er Tour de France cycliste en juillet de cette même année, et donc en novembre décide d'organiser une compétition de marche ouverte aussi bien aux amateurs qu'aux professionnels, en fait à tous, mais pas aux femmes.
La distance voulue par les organisateurs sera longue de 40 km, les marcheurs emprunteront le parcours du
" marathon amateurs " qui a eu lieu le 18 octobre ; Bagatelle, Suresnes, Rueil, Chatou, St Germain, Marly, Versailles, St Cloud, Parc des Princes.
L'Auto pour cette " Marche Intercorporations " reçu pas moins de 4348 inscriptions ! Aussi quand monsieur Paquin, le propriétaire du magasin de nouveautés " le Petit Matelot " proposa d'allouer 10.000 francs à l'épreuve, les organisateurs n'hésitèrent pas une seconde à renommer leur compétition : " La Marche du Petit Matelot " Le sponsoring faisait ses débuts dans le sport populaire.
Après de longues années de labeur et de propagande acharnée, les pionniers de la vulgarisation des sports athlétiques en France, Henri Desgrange et surtout Pierre Giffard avaient atteint leur but.
Rappelons que Giffard est le créateur du premier " ultra " en course à pied ; Paris-Belfort, 496 km en 1892. De Paris-Brest-Paris cycliste en 1891. Du 1er marathon français Paris-Conflans en 1896.
Avant cette Marche Intercorporations, dite Marche du Petit Matelot, il y avait eu ; la Marche des Banquiers, la Marche des Chemins de Fer, la Marche des Midinettes.....la Marche de l'Armée en 1904.
Cette marche du Petit Matelot prenait des proportions énormes et insoupçonnées, les 4348 engagés appartenaient en effet à plus de 100 corporations, et à 71 équipes de maisons ou d'industries différentes.
Mais la longueur du parcours ; 40 km a dû en effrayer plus d'un, car c'est 3800 marcheurs qui se présenteront sur la ligne de départ ce 8 novembre sur la pelouse de Bagatelle au Bois de Boulogne.
Sur cette immense pelouse, sur les bords de la Seine, en face lîle de Puteaux, et au Vélodrome du Parc des Princes point terminus du parcours, c'est plus de 60.000 spectateurs qui surent apprécier le spectacle.
Pour les marcheurs retardataires, de 9 heures à 10 heures et demie, les organisateurs distribuèrent les brassards ; une chasuble de toile avec le numéro d'ordre. Cette distribution avait commencé l'avant-veille, en effet, cette délicate opération nécessita près de trois jours.
Pendant ce temps, face au château de Bagatelle, antique demeure du comte d'Artois et de sir Richard Wallace, se formait une véritable mer, aux éléments disparates, dont le flot avait commencé à monter graduellement dès les 8 heures du matin. D'élégants sportsmen cotoyaient de simples ouvriers venus hâtivement en habit de travail ; employés et directeurs de maisons se confondaient en une agréable cohue. Pour assurer le service d'ordre, gardes républicains, gendarmes à cheval et à pied, gardiens du bois, et tous les agents disponibles avaient été mobilisés. 300 commissaires de course assuraient le contrôle et la régularité de l'épreuve.
Après la distribution des derniers brassards, les concurrents sont réunis dans des parcs, puis avant le départ, ils se regroupent à l'intérieur d'une piste énorme de 300m de large sur 800m de long et délimitée à chaque extrémité par deux mâts surmontés de flammes rouges leur indiquant la direction qui doit les conduire sur le parcours.
Enfin à 10h45, ce premier dimanche de novembre, sur un coup de canon, les marcheurs s'alignent militairement, c'est l'appel des concurrents. Un second coup de canon à 11 heures, malgré un épais et mauvais brouillard, c'est 3800 marcheurs qui dans un ordre parfait s'ébranlent, le spectacle est féérique, inoubliable, que ne présenta peut-être jamais une épreuve athlétique quelconque.
Les concurrents sont maintenant partis, et à leur suite, des entraîneurs, des cyclistes, des soigneurs, des voitures automobiles, soit une petite cohorte de près de 10.000 personnes, qui s'égrène sur la route.
Le côte de Suresnes est noire de monde ; Rueil, Chatou, Rocquencourt, Versailles, sont envahis par une foule considérable . Si 60.000 spectateurs étaient au départ, près de 100.000 étaient bien échelonnés sur les routes.
L'allure des premiers est très rapide, et c'est seulement après Versailles que F. Harlet prend la tête, il conservera la 1re place jusqu'au Parc des Princes. F. Harlet est un employé des chemins de fer d'État du Club Pédestre de Quevilly près de Rouen. Une minute plus tard, le second arrive, c'est Couratin du Paris Athlétic Club, il travaille chez Cambon ameublement. Georges Barroy complète le podium, il est licencié à l'Union des Sports de Paris et est employé chez Boulot cycles et autos.
à droite un des plus jeunes concurrents, guère plus de 10 ans
Émile Fantou (au centre) était l'un des meilleurs marcheurs françaisÉmile Anthoine, 21 ans, n'est pas classé dans les premiers concurrents de cette épreuve. Le mois précédent, Anthoine avait terminé 3e de la course à pied Bordeaux-Paris, 600 km, et en septembre, 2e de Paris-Reims, 173 km. Émile Anthoine est le créateur de Paris-Strasbourg à la marche. Georges Barroy sera l'année suivante, en août 1904, un des concurrents de Toulouse-Paris, 737 km, (DNF)
Les premiers arrivent un peu espacés, puis le temps passe et c'est bientôt par groupes de 30 et 50 que l'on voit apparaître les marcheurs sur la pelouse.
La performance du vainqueur, 3h 58min pour 40 km, est unique dans les annales de la marche en France. Sur un parcours accidenté, il a réussi à approcher le record du monde de la distance, qui est de 3h 53min depuis 1880.
Notons qu'il y a bien longtemps qu'une épreuve avait regroupé des amateurs et des professionnels.
Sur les 3800 partants, seuls 1437 terminèrent le parcours de 40 km, donc 2363 abandons soit 60%.
Un déchet imprésionnant, mais cette compétition était ouverte à tout le monde, et beaucoup n'étaient pas préparés à une marche d'endurance aussi longue.
Classement :
3h 58min : F. Harlet
3h 59min : E. Couratin
4h 00min : G. Barroy
4h 01min : L. Figuier,
4h 01min 30s : C. Laurent
4h 03min : L. Salesse
'' P. Schmidt
11/10/2014 écrit par Thierry LEFEUVRE