2014 PARIS COLMAR 2014
Dimanche 8 juin 13h45 gare de Colmar: 66h7mn3sec d’accompagnement total physique et mental d’un marcheur, ça crée des liens d’amitié. Au bout du compte, il en résulte donc une certaine difficulté de séparation.
Sur le parking des au revoirs, la chaleur colmarienne était pesante. Nous trinquions à la santé de notre champion arrivé la veille place Rapp, un morceau de « sauce » un p’tit verre, et kenavo à tous, merci de m’avoir accepté dans votre cercle breton, à la revoyure ! Le temps était passé, 14h12, je grimpais deux à deux les marches de l’escalier en haut desquelles le tgv attendait. 7 marches restaient et j’entendis le bruit caractéristique du train qui partait. Une minute trop tard ! pour moins d’une minute je l’avais raté. De rage je jetais mon sac de sport sur le quai, ponctué d’un m….. ! tonitruant.
Un grand mec casquetté costumé aux couleurs de la « senecefe » se tourna vers moi. Encore essoufflé de rage, billet pour Paris Bercy à la main je lui expliquais ma situation. Il regarda sa montre et d’un grand sourire apaisant me précisa qu’un autre train serait en partance sur Paris une heure plus tard et que ses collègues des guichets allaient me trouver « ze » solution. Pendant qu’il me parlait et que je m’apaisais devant la situation, je remarquais son prénom accroché à la pochette de sa veste, Mohaid, pas courant c’truc-là me disais-je. Suivez-moi monsieur s’il vous plait et j’emboîtais son pas. La solution trouvée, les billets échangés, j’allais m’asseoir et prévenir Elisabeth qui était montée en train à Paris pour m’attendre gare de l’Est. Ratage total d’une opération programmée, pour cause de causerie passionnée de son marcheur de mari avec ses nouveaux amis bretons. Le téléphone sonnait, elle décrocha, je lui annonçais la nouvelle, un grand blanc s’ensuivit. J’imaginais son visage décontenancé par ma bévue. Nous devions nous retrouver à Paris et rentrer chez nous face à face dans notre t.e.r. Bourgogne préféré, c’était raté, la frustration était totale.
Assis dans le hall, je regardais honteusement mes pieds, conscient de ma faute. Un instant, je levais les yeux pour apercevoir au distributeur de billets de train le dos d’un rouquin, vêtu d’un t.shirt blanc immatriculé « Olga BORISOVA team Russia St Petersburg Paris-Colmar 2014 » en train de pianoter le clavier de la machine. Interloqué, je me dirigeai vers lui, patientait le temps qu’il finisse ses opérations pour lui parler franco-anglo-russe langage des signes à l’appui. Pour confirmer, appareil photo à la main, je lui démontrais que je venais moi aussi du Paris-Colmar 2014, ce que je n’aurais pas pu faire à l’époque de l’argentique. Le visage russe interrogateur s’illumina, nous nous serrâmes chaleureusement les mains, nous nous photographiâmes. Puis le rouquin russe me fit découvrir d’autres compatriotes, cachés par les panneaux d’info, puis le coach de la vainqueur de la François 1
er… et enfin je vis arriver, cheveux poivre et sel, yeux bleus, à faire craquer les nénettes, bronzé de 440km, frais comme un gardon, le vainqueur du Paris-Colmar 2014. Mes vêtements orange et vert lui firent braquer le regard et nous échangeâmes un grand sourire pouce levés, respect gars !
En une fraction de seconde, je bénissais le fait d’avoir raté mon train et compris que ma malchance venait de se transformer en une chance inouïe. Après être venu de Paris à Colmar à pied, les russes rentraient chez eux…en train ! et j’étais dans le même wagon. Nos rails se séparèrent sur les quais de Mulhouse, eux vers Turin, moi vers Dijon. Demain, je commence à apprendre le russe…
C’était l’histoire d’une rencontre impromptue colmarienne. En tant que seul et unique témoin, les photos de la scène vont paraître, pour cette fois avec mes initiales B.Th. (un tout ptit peu fier de ma chance…, mais les pixels restent libres.)
J’ai finalement retrouvé Elisabeth à Laroche-Migennes, elle en t.shirt rose, moi en t.shirt orange pantalon vert, nous ne pouvions pas nous… rater !
Bien à vous
Bernard Th.
L'équipe du breton...du béton ! Le dos du rouquin
Le copain russe
à gauche, le coach ! supporter supporter Russia !
le vainqueur du Paris Colmar 2014, et de 4 !
une victoire, ça s'arrose !..ça s'hydrate !
une histoire de fou floue
à suivre !