Sensations du bord de route
1 le choc d’une réalité
Jeudi 21 juin 16h13 temps lourd et orageux. Entrée de Cheppes-la-prairie, coup de grisou ! David REGY se présente face à nous, son allure est sans équivoque, sa superbe s’est envolée, la belle machine s’est enrayée, à nouveau rien ne va plus ! il stoppe, se penche en avant, les mains sur les genoux, c’est le branle-bas de combat ! un équipier lui apporte un siège; fort entouré, le marcheur se pose et regarde ailleurs, loin dans la campagne, mais surtout pas la route, plus la route ! à cette heure-ci, il n’y a pas de doute, c’est fini. Le compostellien Jean MARECHAL, embauché accompagnateur, lui masse les jambes, rien n’y fait, le leader est en perdition. Il est assis, là sous nos yeux, dos voûté, visage gris, semblant bien désemparé ; ses suiveurs savent pertinemment que la partie est perdue. Se l’avouent-il ? Le marcheur ne peut plus ou ne veut plus, il s’agit-là d’instants où toute l’équipe flotte entre les deux eaux boueuses de la passion frustrée au service d’un seul et du renoncement imposé par l’égarement de celui-ci. Un équipier téléphone, sans doute pour prévenir ceux qui sont en pause de la très mauvaise situation, le chauffeur ne regarde plus, il a compris, il sait ; tout ça pour ça, seulement 160 bornes ! et m… quel gâchis ! L’armada REGY a sombré, retour en enfer. Nous observons la scène, j’hésite et finalement au travers du pare-brise je clique l’instant d’une illusion enfuie, puis redémarrons. Il fera 4 km de plus et à Songy KM161 et c’est terminé. David REGY et le Colmar, drôle d’histoire ! Ego de marcheur trop développé ? faille alimentaire ? nutrition illusoire ? c’est sans doute avec cette recette perfidement mélangée que le marcheur leurre sa réalité mais celle-ci l’a rattrapé. Marcher est ni plus ni moins que la simplicité d’apprendre son être puis converser avec lui ; si l’homme refuse le dialogue, la voie de l’échec lui est ouverte quel que soit son entêtement. Depuis son premier départ en 1996 ce champion devrait se connaître et savoir ne pas céder aux chants de sirènes mercantiles et perverses ! La chaleur, les orages ? futilités ! bien d’autres les ont encaissés et sont arrivés à leur fin : Colmar. Toujours est-il qu’une page du Colmar 2012 et sans doute de la suite venait de se tourner sous nos regards.
Le Colmar, si tu te focalises sur l’autre, c’est perdu. Le Colmar est un jeu de constance, si tu ne te connais pas de haut en bas, si tu ne t’acceptes pas, si tu joues avec toi, t’y aventurer est pure folie.
A suivre…
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Moi, je préfère la marche à pied (Henri Salvador)
J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence (Anatole France)
“Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.” [i]René Char[/i]
Ne crains pas de marcher lentement, crains seulement de t'arrêter.