Yohann Diniz raconté par son coach
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Yohann Diniz raconté par son coach
© DPPI
Pascal Chirat, son entraîneur, est sans doute l’homme qui connait le mieux le champion d’Europe du 50 km marche. A quelques heures de l’épreuve mondiale, il décrypte le « phénomène ».
Le corps. « Yohann possède des qualités physiques exceptionnelles. Au repos, son cœur bat à seulement 30 pulsations par minute. En course, il monte à 150/160. Mais sa fréquence maximale se situe à 195 pulsations/minute. Son amplitude cardiaque est donc très élevée, un atout considérable pour une épreuve comme le 50 km marche. A l’entraînement, j’ai l’habitude d’effectuer des prises de lactate, une goutte de sang prélevée pendant l’effort. Mais sa capacité de résistance est telle qu’il m’arrive de ne pas en croire mes yeux à la lecture des résultats. Parfois, j’ai l’impression qu’il y a erreur sur les chiffres. Lors de son record du monde du 50 km marche sur piste, établi cette année à Reims (3 h 35’27), il est passé au marathon en 3h 02’. Il n’aime pas courir à l’entraînement, ni faire du vélo, mais je sais qu’il aimerait un jour se tester sur des courses sur route. S’il s’y mettait sérieusement, il pourrait sans doute réussir 31 ou 32 minutes au 10 km, voire un peu moins avec une préparation spécifique. »
La tête. « Quand Yohann a un objectif en tête, il se donne à fond pour y arriver. Cette saison, je crois qu’il n’a manqué qu’une seule séance d’entraînement. Il possède une phénoménale capacité à savoir souffrir pour atteindre son but. Réussir devient alors pour lui tellement vitale que son mental prend le dessus sur le physique. Je n’ai pas besoin de le pousser à l’entraînement. Au contraire, il me faut parfois le freiner, car il aurait tendance à en faire trop. Son hygiène de vie est sans faille. Il se couche vers 22 h, pour se réveiller tous les matins entre 6 h et 6 h 30. »
L’entraînement. « Yohann s’entraîne deux fois par jour, soit une douzaine de séances par semaine. Marche le matin, récupération ou renforcement musculaire le soir. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, il ne déroge pas à sa règle de conduite et sort s’entraîner. Mais il ne fait jamais rien le dimanche après-midi, c’est sacré. A l’entraînement, nous ne dépassons jamais 40 km, une sortie qui constitue tout de même environ 3 heures d’effort. Mais après une séance aussi longue, il n’a souvent besoin que d’une journée de repos avant de recommencer. En stage, il tourne à 200 km par semaine. Je l’accompagne à vélo. Le reste de l’année, il se prépare seul, mais nous nous parlons deux fois par jour au téléphone. A ce régime, une paire de chaussures ne lui fait jamais plus de 3 semaines. Après, la semelle est usée jusqu’à la mousse. »
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