2010 ETAMPES-SUR-MARNE VISIONS ET SENSATIONS
2009 : 45 individuels et 15 équipes de 41 relayeurs. 2010 : 22 individuels et 12 équipes pour moins de 30 relayeurs
Vallorbe…Etampes sur Marne…combien serons-nous sur la Voie Sacrée ?
Attention danger ! La liste des volontaires et des possibles à marcher se réduit gravement. Il est bien tard pour encore s’interroger sur l’amaigrissement des pelotons de la Marche athlétique. Les opiniâtres de ce sport oublié par ses princes résisteront jusqu’au dernier carré car ils ont la passion de la compétition dans les tripes.
Ils se sont levés à l’aube pour disposer le parcours de 2900m, ils se sont levés à l’aurore pour marcher.Dimanche, jour de grâce matinée pour le collectif, 5h, la montre bipe. Habillé en marcheur, le café préparé par notre Marie-Jo préférée, la tartine beurrée, de miel et confitures de coing est absorbée. Nous sortons dans le froid de la nuit. Le vent nous saisit. Au loin, la chouette nous salue de son cri. Connaissez-vous beaucoup de monde enclin à se lever un dimanche matin pour aller marcher avec les copains les copines pour les copains et les copines ? Le marcheur est un dissident, ce qui place inexorablement son sport favori à l’écart du troupeau des communs.
Etampes-sur-Marne, ligne de départ : Ciel d’une belle couleur gris permanent, vent continu du nord-est très rafraîchi, de 8 à 16h supporté par les concurrents. Ce nordet glace rapidement les muscles des relayeurs en attente de…côte… imperturbablement présente pour la jubilation de nos souffles. Nous pouvons y dérouler nos pieds du talon à l’extrême limite de nos arpions. Quant à nos cuisses, nous les sentons se rebeller.
La ronde des marcheurs tournait.
Le souffle LETESSIER : dans l’admirable côte de Nogentel, le colmarien me sus au point d’entendre son souffle caractéristique dans mon sillage. Le sifflement de l’homme en noir me poursuis, tenace à supplanter mon propre souffle. Marchant chez les individuels, Gilles allait devancer notre relais de 12 secondes. Letessier Gilles, l’art de la Marche de Grand Fond!
Alain PELLERIN l’avenaysien du val d’or possède un style routier pur. Il est parfaitement alimenté par une ravitailleuse exemplaire. Lors de chacun de mes repos, je l’encourage d’un mot en échange d’un simple clin d’œil complice prouvant la concentration impeccable de l’athlète sur son épreuve et son entourage. J’avoue apprécier les stylistes. A ce sujet, remarquable retour du beau marcheur Philippe THIBAUX à la 2e marche du podium…et quelque chose me dit que la motivation de Franck DERRIEN reviendra le faire marcher parmi nous.
La fraîcheur nous fait consommer moult calories que nous devons remplacer illico au risque de connaître la déconfiture. Crèmes diverses, gâteaux de semoules et riz, salades de fruits sont nos aliments supplétifs. Mais pour notre part, c’est le crumble de l’amie Marie-Jo qui enlève la palme de notre gourmandise sportive.
Le combat de 2900 mètres de la 5e heure :
Il est parti 4mn devant moi. Pour le simple goût de la lutte sportive, au son des cornemuses de mon écouteur, je me suis lancé éperdument à sa poursuite. Au fur et à mesure des hectomètres, l’écart entre nous fondait, au pied de la côte le dos de Pascal BURLOT était à quelques foulées. Tout comme moi avec Gilles Letessier, Pascal m’a confié avoir entendu mon souffle se rapprocher, mais pour rien au monde il n’avait commis l’erreur fatale, se retourner. C’est un combattant inné, il allait combattre. Au sommet j’étais à son côté et pour la fierté d’être marcheur, nous avons décidé de ferrailler. Mes pipe-bands écossais sonnaient l’assaut. Pascal baissa la tête tel le taureau avant la charge. Nos bras tirèrent cent fois, nos souffles expirèrent mille fois. Nous n’étions plus que deux gladiateurs côte à côte lâchant toutes nos forces sur le bitume. Ces deux-là voulaient se braver pour les instants fugaces d’être devant l’autre. Nous entendions Guy Legrand, le commentateur de l’épreuve décrire notre lutte fratricide. Les encouragements fusaient et les applaudissements claquaient. Cette ambiance survoltée, nous avait « boostés ». A 5 pas de la ligne, nous avons relâché, nous étions hilares ! je continuais alors que Pascal passait le relais à Alain GRASSI qui me reprenait en un tour les 4mn de la 5e heure. La marche est un éternel recommencement…
Et puis ces amis, amies, petites amies, petits amis, compagnes et compagnons, respect à eux et quel plaisir de voir ces maris épouses enfants venus ravitailler leur athlète préféré de père ou mère ! Ils prenaient passionnément soin de leur marcheur. Si la Marche a tant de mal à se faire reconnaître en tant que sport, c’est peut-être que son esprit amitié-famille est trop fort.
Et puis comme à Vallorbe, ces enfants enthousiastes, sérieux, appliqués, attentifs aux conseils, souples comme des gants ou des verres de lampes suivant les individus, simplement magnifiques lorsqu’ils éclatent de fous rires la ligne d’arrivée passée..
Etampes sur Marne n’est-il pas l’une de ces épreuves idéales pour entrer dans la Marche de Grand Fond ? Avant l’hiver, n’est-il pas l’un des derniers tremplins vers une future compétition plus longue ? Alors ce dimanche matin, à 8 heures, où étaient les marcheurs ? Didier et Nadia organisateurs, Guy le photographe, les familles Gau, Martineau, Legrand, et tous les autres bénévoles frappant le goudron de leurs talons pour se réchauffer étaient là, désappointés. Comme l’a crié le fervent défenseur Guy Legrand dans son micro, et il en sait quelque chose …, « pour y arriver il faut MARCHER, MARCHER, MARCHER ….
Et le son de mes cornemuses favorites me relevait musicalement l’échine et le pas s’en affinait. Je marchais à la sensation. Marcheur routier avant de randonner, je resterai coûte que coûte sous l’emprise séduisante de la route ; marcheur d’accord marcheur routier d’abord, marcheur toujours et encore.
Bernard THANRON marcheur bitumier du jour.
de gauche à droite: L'équipe du SPN Vernon composée de Sylvain Rivière, Pascal Burlot, Alain Grassi puis Frédéric Lescure et moi-même de l'Astragale KM520. Que l'amitié dans la compétition demeure.