: mais qu’est-ce qui fait réellement marcher les… marcheurs ?
Le 30/03/09 à 06:57 - Lionel Vadam Tags :
Les marcheurs encaissent les kilomètres mais aussi les railleries des détracteurs de cette discipline olympique. Photos Lionel Vadam
Le comique Gad Elmaleh aime bien se moquer de leur attitude de sportifs « démantibulés ». Même si la gestuelle est très exagérée dans son sketch, les marcheurs sont sujets à bien des moqueries… De la part des non-sportifs mais aussi de leurs collègues athlètes.
« Grâce à un gros travail dans les clubs de la part de dirigeants passionnés, la marche se porte de mieux en mieux en Franche-Comté. Au niveau des résultats mais aussi des effectifs », rapporte Christian Laval, président du comité régional de marche, présent récemment au stade Jacky-Boxberger à Montbéliard pour superviser un stage d’initiation et de perfectionnement. Ce qui, avec une petite cinquantaine d’adeptes pour environ 2000 licenciés en Franche-Comté, n’empêche pas la marche de rester le parent pauvre de l’athlé. « Certains se moquent de la marche, mais j’entends la même chose sur les lanceurs de marteau. Les réflexions du genre « la marche, c’est moche ! » arrivent souvent à mes oreilles. Chacun est libre de son jugement. Moi, je trouve ça beau. Tous les garçons regardent marcher les filles dans la rue… C’est un mouvement naturel, même s’il est amplifié sur la piste. Le déhanché est exagéré car la foulée est amplifiée », explique Christian Laval.
Un excellent état d’esprit
Les moqueries sur les marcheurs ont l’effet d’agacer les plus fidèles pratiquants. « Ça fait mal d’entendre des bêtises quand on sait la somme de travail qu’il faut pour obtenir des résultats », commente Danièle… Laval qui pratique depuis 35 ans et pour qui « La marche est une école d’humilité ».
La marche est également décriée du point de ses juges. Indispensables, dans les épreuves sur pistes ou sur route, ils distribuent les avertissements jusqu’au carton rouge éliminatoire qui peut tomber dans le tout dernier du… 50e kilomètre de l’épreuve la plus longue. Pour être averti, il faut courir. Enfin par courir, on entend qu’à un moment donné aucun des deux pieds de l’athlète n’était en contact avec le sol, règle d’or de la marche. « Un gars comme l’Héricourtois Thierry Toutain, qui détient toujours un record du monde du 50 km, ne s’est jamais plaint du règlement qui est garant d’une équité pour l’ensemble des concurrents. Ce règlement énerve surtout les dirigeants, pas les marcheurs. Ce n’est pas plus bête que de faire tomber une barre de quelques millimètres à la perche », estime le responsable du comité régional.
Mais qu’est-ce qui fait donc avancer les marcheurs ? « On trouve du plaisir dans notre sport. C’est un peu les mêmes satisfactions que la course à pied. C’est peut-être moins ludique que certaines autres épreuves, mais il y a, en plus, un excellent état d’esprit. Chez nous, personne ne se la joue. » Vous l’aurez compris, la marche c’est avant tout une sage famille. Assez modeste, certes, mais qui ne connaît jamais la crise.