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 yohann DINIZ au lendemain d'albi

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MessageSujet: yohann DINIZ au lendemain d'albi   yohann DINIZ au lendemain d'albi EmptyLun 28 Juil - 21:01:40

YOHANN DINIZ : "Je suis comme un cadet"


yohann DINIZ au lendemain d'albi Dep_20080725140828 Yohann Diniz se présentait à Albi très serein à quelques heures de disputer le Championnat de France sur 20 km, en prémices aux Jeux Olympiques de Pékin, pour lesquels il ne dissimule pas ses intentions quant à un podium sur 50 km.

- Ce championnat de France d’Albi représentait-il une contrainte pour toi ?
Non, c’est un plaisir de le faire ! Etre là pendant 3 jours aurait été trop long. Mais là, je suis arrivé de Font Romeu hier soir, et je repars juste après la course ce soir. C’est bien car on n’a pas souvent l’occasion de me voir. C’est une occasion de communier avec le public, de faire la fête, avant les Jeux de Pékin. Demain, je ferai une bonne récupération. Ce n’est pas une contrainte, en fait, ici, ce sera une séance d’entraînement.

- Quel type de séance d’entraînement ?

Une séance type 50 km. Ce matin, j’ai fait un échauffement tranquille, 45 minutes à 9 heures du matin. Ce soir, je vais découper le 20 km en tronçon de 5 km, je veux arriver à un rythme assez soutenu, je commencerai en 21’30’’-21’15’’-21’-20’30’’.
Aujourd’hui, je n’aurai pas perdu mon temps. Je vais arriver à un total de 40 km : 8 km ce matin – 5 km d’échauffement ce soir – le 20 km – et 5 km de récupération.

As-tu suivi une préparation spécifique par rapport à la chaleur ?
Non, à Osaka, j’étais bien après seulement une semaine. Je pense qu’on une mémoire. Il faisait très chaud en avril en Afrique du Sud, on a eu un peu de chaleur en mai, et à Osaka, j’avais très bien géré.

Et pour la pollution ?
Non, rien de spécial. Je pense qu’il faut arriver le plus frais possible. Je me prépare comme d’habitude, à l’ancienne. Maintenant tout est en place. Denis (Langlois) et Thierry (Toutain) font un travail d’orfèvres, il y a de petits réglages à faire. Mais là, je suis prêt pour un 50 km rapide.

Et sans faute ?
Oui. Mais je n’ai rien modifié. J’ai connu une amélioration technique grâce à une aisance plus rapide. La stratégie de course aussi est différente.

Comment réagis-tu au forfait de ton adversaire Nathan Deakes, le champion du monde en titre ?
D’abord, je suis déçu pour lui. Il avait été disqualifié aux Jeux en 2004. Je suis aussi déçu qu’il ne soit pas là, j’aurais aimé lui répondre après Osaka. Mais il est fragile.

Est-ce que tu redoutes plus tes adversaires ou les Juges ?
Les juges, il ne faut pas les redouter. Je ne redoute personne. Je me redoute, moi. Mais j’ai plus d’armes qu’en 2007, j’ai beaucoup progressé. Les tests à l’entraînement montrent que je suis capable de marcher en 3h35’. Je suis plus capable de répondre à mes adversaires.

As-tu réfléchi à plusieurs stratégies ?
Non. C’est sûr qu’il faudra être devant. Car il y a des marcheurs très rapides, un recordman du monde, les Chinois… Il faudra être devant sans trop se découvrir. Et placer une attaque au meilleur moment. Mieux qu’à Osaka, plus tard. Pour finir plus vite. On a plus travaillé les 20 derniers kilomètres. J’ai fait des tests à l’entraînement sur 40 km. Plus on approchait « le dur », mieux je me sentais. En fait, j’ai toujours un passage à vide entre le 20ème et le 30ème. Je m’échappe un peu ! Pour toutes mes courses, entre le 20ème et le 30ème km, j’ai toujours été décroché, comme si j’avais besoin de débrancher, de souffler.

Regrettes-tu d’arriver à Pékin sans avoir disputé un 50 km ?
Non car même sans pépin physique, je n’aurais pas fait un 50 km avant. Il faut travailler les qualités de vitesse. Et j’ai des repères à l’entraînement. Pour bien récupérer d’un 50 km, c’est difficile. Je pense qu’il faut mieux être frais. Et avoir faim ! Là, j’aurais faim en arrivant à Pékin. J’aurais envie ! Il faudra être capable de courir en moins de 3h 40 pour faire un podium, même si la victoire ne va pas se jouer en 3h35’ car il fera chaud. Il faut être capable d’un gros chrono même s’il s’agit d’une course de championnat qui ne se joue pas vite.

Pour la 1ère fois, tu vas te trouver dans une compétition oñ les Chinois seront très nombreux pour encourager leurs marcheurs. Est-ce que cela va te gêner ?
Non. Déjà à Osaka, il y avait des Japonais dans la compétition, et du monde sur les côtés. Mais de toute façon, je suis dans mon truc. Je ne regarde pas, je n’entends pas. J’ai juste des repères sur les côtés, les entraîneurs, le staff, je les écoute un peu, mais pas les autres !

As-tu des contacts avec les autres marcheurs ?
Seulement un peu avec le Norvégien que j’ai battu à Göteborg. Mais à Font Romeu, il y a pas mal de marcheurs, le groupe de Korzeniowski, des Irlandais, des Espagnols, ils sont en contact avec les Australiens. Donc on a des nouvelles. Mais je ne me tiens pas plus informé que ça. Je pense déjà à moi, à être prêt

Comment va s’enchaîner ton entraînement entre ce France d’Albi et les JO ?
Je repars pour une semaine à Font Romeu. Pour environ 210 à 220 km, et 2 très grosses séances. Ensuite je reviens chez moi à Soissons. Pour 3-4 jours de repos. Ensuite, j’ai encore 2/3 grosses séances avec des tests sur 30 km. A partir du 12 août, c’est le repos. Je fais ma dernière grosse séance le 12 août, je pars à Pékin le 13 août.

Comment se répartit le travail entre tes deux coaches ?
Il y a une discussion. Thierry (Toutain) a passé 3 semaines ±/2 avec moi. Il est plus là pour me canaliser, pour me freiner. Il m’apporte un travail différent de celui de Denis (Langlois). Denis, c’est le regard technique.

D’oñ vient cette volonté de travailler la 2ème partie de la course ?
Ca vient des deux, mais surtout de Thierry. Car c’est comme ça qu’on peut gagner une course. Il faut toujours faire du négative split pour gagner. A Osaka, je l’ai bien fait, mais nous étions partis lentement. J’ai eu une petite faiblesse entre le 40ème et le 50ème km. Là, on découpe la compétition en tranches de 5/10 km. Et on essaie d’accélérer.

Est-ce que le risque de faute est plus élevé en fin de compétition, avec la fatigue ?
Le risque est plus important au départ car tu es sur le train-train. Ce n’est pas rapide. Tu es habitué à une allure de 15,5-16 km. Là, tu marches à 13,5-14 km, en aisance. Tu es trop en aisance, ton allure n’est pas installée. Tu es plus à la faute au départ qu’à la fin. En 2007, j’ai pris les deux cartons au 30ème km, mais je suis remonté vite, et à découvert.

Est-ce que tu penses au carton pendant la compétition ?
Non, je n’y pense pas du tout. Sinon tu n’es pas serein. Il faut avoir confiance en soi, en son geste. Dans le travail de ses entraîneurs !

Essaies-tu de connaître la composition du Jury ?
Oui, on essaie de savoir ! Normalement il ne peut pas y avoir un juge d’un athlète susceptible de marcher. Pas d’Australien, de Français… Il peut juste y avoir un Chinois car c’est le pays organisateur.

Comment appréhendes-tu l’ambiance des Jeux ?
Ce sont mes premiers JO ! je n’y pense pas. Je pense à ma course. J’arrive tard exprès. Je fais abstraction de tout ce qui est à côté. Je vais prendre un bon bouquin, je vais regarder les Jeux à la télé. Boire un coup avec les copains si j’ai envie ! Je ne vais pas changer. Je n’ai pas d’attente particulière par rapport aux Jeux. Je suis dans ma bulle. Ce ne m’atteint pas plus que ça ! Je ne me sens pas sous pression. Je n’ai pas plus de pression que ça. Je ne suis pas un je « m’en foutiste » mais je ne veux pas changer.

Que faisais-tu lors des derniers JO ?
J’avais les boules ! C’était une grosse déception… J’étais à la Baule en vacances avec ma future femme. Je préparais un 50 bornes pour la semaine après les Jeux. Je l’ai fini en 3h50’. Le précédent 50 km, j’avais été disqualifié au 45ème km ! J’avais suivi le 50 bornes des Jeux à la télé.

Tu t’es exprimé sur le contexte politique de ces Jeux. A quoi t’attends-tu à Pékin ?
On sera dans un village, on ne verra pas grand-chose. C’ est vous, les journalistes, qui pourraient nous dire ce qui se passe à côté. Je vois qu’on ferme les universités, qu’on arrête des terroristes tous les jours. On pouvait s’y attendre. Je me suis surtout exprimé car je trouvais que Reporters sans Frontières et Amnesty International disaient que nous, les sportifs, on n’avait pas de cerveau, qu’on ne pensait qu’à notre « gueule ». En réaction j’ai voulu expliquer qu’on a un cerveau, qu’on s’informe. On connaît la situation en Chine, au Tibet, au Darfour. On sait ce qui se passe. Mais d’un côté, ça ne fait pas 5-6 mois que ça se passe !

Quels sont tes points faibles ?
Je n’en sens pas pour le moment, je me sens prêt ! Mon seul point faible, c’est le risque d’un petit coup de fougue, un peu de tempérament. Mais il y aura des gens sur le côté pour me freiner ! Finalement, c’est ma jeunesse. Il y a quatre ans, j’étais encore un inconnu. Je marchais pour m’amuser ! Maintenant on me demande de gagner, on me demande de bâtir des stratégies de course. J’ai dû apprendre très vite ! Mais je suis encore un cadet, ou un junior…
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